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CHS du 01/07/2021 : interpellation du directeur

DECLARATION LIMINAIRE


M. le Président, Mmes et Mrs les membres du CHS, L’examen du DUERP à l’ordre du jour de ce CHS-CT nous amène, une fois encore, à tirer la sonnette d’alarme vis-à-vis de la situation délétère qui règne dans les services.

Nous en faisons le constat tous les jours, et partout sur le territoire.

Arrêts maladie, burn-out, démissions, tentative de suicide, suicide, sont la traduction d’une immense souffrance au travail ressenti par nos collègues.

Lorsqu’on essaye d’interpeller un responsable sur la situation catastrophique d’un service, on s’entend répondre « mais les indicateurs sont bons ! ». C’est désarmant de naïveté.

Justement M le directeur, la bonne santé des indicateurs dans des services sinistrés devrait vous mettre en alerte. Ils restent bons alors que les agents souffrent, d’ailleurs c’est souvent pour les indicateurs que nous souffrons. Alors certes, les agents ne communiquent pas en langage techno avec des chiffres qu’ils n’ont pas mais ils peuvent parler de leur quotidien, de leurs difficultés, bref de leur vécu qui vaut bien une colonne de chiffres.

Encore faut-il les écouter.

Car lorsqu’on prend la peine de les écouter, ils disent que la DGFIP est malade.
Malade du manque de visibilité et de l’absence de toute perspective d’avenir pour ses agents, malade du manque de personnel, malade de ces réformes faites à marche forcée qui produisent des dégâts considérables, nous laissant à bout de souffle : « sur l’os ».

Le DUERP est censé faire le relevé des risques. Comment expliquer alors que ce mal-être ne soit pas évalué ni même recensé par la direction générale ?

Lors des échanges effectués dans chaque structure entre les agents et les encadrants, nos collègues ont témoigné de leur malaise au travail.
Nous l’avons nous-même constaté. Certains font part de leur démotivation, de leur questionnement vis-à-vis de leur métier et du sens même de celui-ci.

Pourtant, ces témoignages ne sont, pour la plupart, pas relevés mais plutôt mis de côté sous prétexte que « ce n’est pas l’objet du DUERP ».
Cette année, les rubriques relatives aux risques sociaux ont été abondamment complétées par les collègues. Nous serons attentifs quant à la suite donnée à ces observations.

Avec cette déclaration liminaire, nous souhaiterions attirer plus précisément votre attention, monsieur le directeur sur le fait que notre département a connu un événement grave et une tragédie récemment.

Il y a eu dans un premier temps ce qui s’est passé au Service de la Publicité Foncière et de l’Enregistrement de Moulins.

Ce dossier a fait l’objet d’un CHS particulier, qui a notamment décidé de conduire une enquête dont nous n’avons pas encore les conclusions. Cependant, ces évènements dramatiques, qui auraient pu être tragiques, ont eu lieu dans un contexte bien particulier : celui de la création du SPFE départemental. Ainsi que nous l’avions déjà exposé, l’exigence de résultats, la pression mise sur les agents pour rattraper le retard du service avant la fusion, dans un contexte de sous-effectif chronique ne pouvait que conduire à ce drame évité de justesse.

Enfin, le suicide de notre collègue et camarade Benoit AUBERGER doit être évoqué ici.

Benoît était un collègue discret qui s’était investi pleinement dans le refus de cette réforme à marche forcée.

Investi au point d’y consacrer une grande partie de son temps. Il a été présent sur tous les fronts, dans toutes les manifestations, de Dompierre à Cérilly en passant par le Montet, le CFP d’Yzeure... De toutes les grèves, plus encore qu’aucun d’entre nous. Investi au point de préférer démissionner plutôt que d’assister, impuissant, au démantèlement du service public.

Ses collègues du SGC de Moulins ont été extrêmement choqués et bouleversés par sa décision de mettre fin à ses jours. Et sachez-le, monsieur le directeur, ils ont été également extrêmement blessés et stupéfaits par l’attitude de la direction locale face à un tel événement : un simple communiqué laconique sur le portail d’Ulysse 03 !
Même si Benoit ne faisait plus partie des effectifs, la moindre des choses aurait été de se soucier de ses anciens collègues.

Monsieur le directeur, nous pouvons l’affirmer en connaissance de cause, cet événement a durement frappé les esprits et impacté toute la structure de travail. Les représentants syndicaux se sont chargés de discuter et d’écouter, de consoler et
réconforter, quand bien même eux aussi étaient fragilisés et touchés par ce drame !

Aucun appui n’est venu « d’en haut », aucune aide n’a été proposée face à la détresse morale des agents qui savaient à quel point la mort violente de Benoît était aussi celle d’un homme qui avait le sentiment angoissant que rien ne pouvait arrêter la machine à détruire le service public. Une machine « pilotée »par ceux qui devraient tout faire pour protéger leurs agents et les usagers.

Ce que Benoît à ressenti, tous les agents en poste le ressentent, eux dont on annonce à chaque élection qu’il faut en « supprimer » un certain nombre.
La violence de ces pratiques ils la vivent dans leurs chairs, les autres les constatent sans émotions sur les colonnes d’un tableau excell en regrettant que « ça n’aille pas assez vite ».

C’est pourquoi, nous sommes extrêmement préoccupés par l’impact des restructurations à venir dans le département. Soucieux de souligner l’atmosphère pesante qui règne dans les services.

Dans l’Allier, nous allons avoir un Mega-Service des Impôts des Entreprises, un Giga- Service de la Publicité Foncière et un Super Service de gestion comptable... et combien d’agents broyés dans l’aventure de ce Nouveau Réseau de Proximité ?
On se rend compte que les agents sont, soit extrêmement inquiets, soit totalement inconscients des immenses changements à venir.

Je vous rappelle que les victimes de France Télécoms étaient en priorité des personnes qui n’ont pas pu supporter de ne plus pouvoir rendre un bon service public comme ils en avaient l’habitude.

Nous avons des collègues qui sont persuadés qu’ils vont pouvoir continuer à travailler exactement comme avant (on l’entend dans les groupes de travail). D’autres qui ne rêvent que de démission... et on sait trop bien où cela peut conduire !

M le directeur, prenez-vous la mesure de la détresse des agents dans les services, de l’impact du suicide de notre collègue et des risques psycho-sociaux que vont entraîner les restructurations ?

Comment comptez-vous y répondre ?

Article publié le 17 octobre 2021.


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