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Retraite : « jusqu’où va-t-on nous saigner ? »

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 MOULINS

1200 personnes ont défilé, hier, dans les rues de Moulins. Contre la réforme des retraites et le gel des dépenses publiques. Pour l’emploi et les salaires. Autant d’inquiétudes.

Elle a du mal à l’accrocher, sa pancarte. Sur son vélo, Lucette met plusieurs minutes à la fixer. Plus de temps qu’il n’en faut pour que son message passe, au sein de la manifestation :

« Les retraites rikiki, on les laisse à Sarkozy ! » La phrase a tout résumé, hier, dans les rues de Moulins. Partis du lycée Banville, environ 1.200 manifestants (chiffre syndicats et police) ont défilé dans les rues de la ville, pour s’opposer à la réforme des retraites. Mais aussi au gel des dépenses publiques et aux restrictions d’emploi dans le secteur public.

Les représentants de l’intersyndicale ont condamné les mesures du gouvernement : « Prises prétendument contre la crise, elles vont encore aggraver celle-ci en organisant une récession durable, puisqu’elles portent atteinte à la consommation populaire. Seule une politique de retour à l’emploi, et à de vrais emplois, peut garantir le redémarrage économique et l’équilibre des comptes sociaux ».


Pour la défense des salaires, des emplois et des retraites, le secteur privé s’est également mobilisé.
Comme ces salariés d’une grande surface venus dénoncer « quatre licenciements depuis le début de l’année » :

« Et on demande aux salariés de se contenter d’une faible augmentation de salaire (1,29 %), qui plus est en deux fois, alors que notre PDG a empoché pour sa première année d’exercice plus de 3 millions d’euros ».

Des cheminots aux hospitaliers, des surveillants pénitentiaires au privé, le report de l’âge légal de la retraite inquiète. Et le refus prédomine. En cause, la pénibilité trop forte au travail, entre horaires décalés pour les uns, pression accrue pour les autres, et baisse des effectifs subie par la plupart :

« L’âge de départ à 60 ans doit être maintenu, la pénibilité du travail reconnue pour ouvrir à des droits à un départ anticipé, et le système par répartition conforté par la baisse du chômage et de la précarité. On a besoin d’emplois stables, correctement rémunérés ».

Sur sa pancarte, Lucette ne prône pas autre chose en militant pour « le partage des richesses, le plein-emploi, la mise à contribution réelle des revenus financiers ». Aujourd’hui, pourtant, elle s’interroge : « Jusqu’où va-t-on saigner les peuples ? » Elle ne veut pourtant rien lâcher. Déterminée à défiler. Car « tout ce qui s’est gagné c’est gagné dans la rue ».

 MONTLUCON

La manifestation pour l’emploi et les retraites a rassemblé près de 3.000 personnes, jeudi après-midi, dans les rues de Montluçon.

Tout un symbole. Juste avant d’arriver sur la place Jean-Jaurès, point final de la manifestation jeudi après-midi, la sono a craché « Higway to Hell », un vieux tube du groupe AC\DC. Traduction : « L’autoroute pour l’enfer ». Justement, c’est à peu près comme ça que les syndicats qualifient le chemin tracé par le gouvernement. Et l’annonce d’un probable allongement de la durée des cotisations n’a fait qu’« ajouter de l’huile sur le feu », selon un militant de la CFDT.

C’est aussi l’avis de Gérard, agent d’entretien à Montluçon Habitat. Il a cinquante-six ans et se sent déjà « usé ». Porter « des tonnes de matériel » pendant encore cinq ans ? « Pas question. J’ai commencé à bosser à quatorze ans, dans un garage. J’ai aspiré de la poussière d’amiante, j’ai déjà des rhumatismes. Comment voulez-vous que je fasse ? Je devais arrêter à cinquante-huit ans, je crois que c’est cuit. »

Un ancien collègue, « parti au bout de quarante-trois ans de cotisation », acquiesce. Il est là « par solidarité ». Gérard continue de pester : « L’argent, il part dans les paradis fiscaux. Quand je pense que 15 % des Français détiennent 85 % des richesses ? On se croirait revenus au temps des seigneurs et des vassaux. »

Parce qu’ils ne « veulent pas perdre leurs acquis » de nombreux salariés du secteur public, mais aussi des représentants du privé (Amis, Forécreu, Sagem, Dunlop, Adisséo ?) sont également venus crier leurs inquiétudes. Et dénoncer la « politique incohérente » du gouvernement. Dans la rue, tout le monde a la même recette pour éviter de toucher au régime des retraites : « Il faut créer de l’emploi, comment voulez-vous faire avec cinq millions de chômeurs ? Le problème est là ! »

Article publié le 30 mai 2010.


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